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Septembre 2024

Sommaire

Cher arbre

Cher arbre

Les arbres de ma vie

Si je fais remonter mes plus anciens souvenirs d’enfance, l’arbre qui me vient en premier, c’est le
cheval que j’ai eu à mes 4 ans. A l’entrée du jardin de ma maison d’enfance, tout de suite sur la
gauche derrière le portail, un arbre avec une branche très près du sol nous servait de cheval, à ma
sœur et moi. 
La seconde image qui me vient est celle de l’immense et énorme arbre de la fontaine aux fées. Le
chemin pour s’y rendre me paraissait infini avec mes petites jambes d’enfant. Mais au bout était la
récompense. Plus tard, j’y suis retournée - beaucoup pendant le confinement, je crois, ou
l’adolescence, je ne sais plus bien. Ou si, je me souviens ! C’était mon but premier quand j’ai
commencé mes footings pour perdre du poids. Le but premier qui s’est vite éloigné : dans la course
aux TCA, ces petits pas d’enfant sont devenus de trop courtes enjambées. Tout comme cet arbre
immense dans mes petits yeux devenu ridicule une fois mes yeux grandis. 
Mais je crois que l’arbre qui me vient le plus à l’esprit, finalement, c’est ma mère. Ma mère et tous
les arbres qu’elle enlaçait. On se moquait bien d’elle, mon père, ma sœur et moi. En balade, elle nous
parlait de toutes les belles choses qui nous entouraient, et d’un coup, plus rien. Silence. Suivi de nos
rires enfantins d’être encore surprises de voir notre mère encore enlacée à un nouvel arbre.
Aujourd’hui, on en rit toujours. Plus pour la taquiner, car elle marche toujours et part tout de suite
dans son discours que l’on connaît par cœur maintenant : chaque arbre a son énergie. 
Mais aujourd’hui, surtout, quand je pense aux arbres avec mes yeux de grande, je pense à toutes les
araignées qui les habitent et freinent nos relations. 

                                                                                                                                                    ARG

AUPRÈS DE MON ARBRE

Si je fais remonter dans mon souvenir les arbres qui ont le plus compté dans ma vie, je me rappelle
que mon plus vieil arbre n’existe pas, pas pour de vrai : il s’agit de celui qui a poussé du haricot
magique planté par Jack, dans l’histoire que me racontait ma grand-mère. Comment un simple
haricot, si magique soit-il, pouvait-il donner naissance à un arbre qui montait plus haut que le ciel ?
Grande question…

J’ai ensuite souvenir d’un cerisier au fond du jardin, véritable ami de mon enfance : je faisais la sieste
sous ses feuilles, me gavais de ses fruits, et plus tard grimpais dans ses branches, me calais contre
son tronc, et passais des heures à lire l’intégralité de la bibliothèque rose, puis verte.

Plus tard, en ville, il y a eu des marronniers et des platanes, disciplinés par les services municipaux,
bien rangés.

Encore plus tard, un écureuil qui avait élu domicile dans un noyer dans la cour de l’hôpital a occupé
mes longues, si longues journées enfermée.

Je pense aussi à ce tilleul au cimetière, si bien placé selon ma belle-mère « pour faire de l’ombre aux
tombes », et dont je ne peux m’empêcher à chaque fois, de me demander de quel engrais il peut
bien tirer toute cette vitalité insolente !

Il y a aussi un prunier qui s’est fendu en deux dans le jardin un soir d’orage, et ce pommier qui
supportait vaillamment une toute petite balançoire.

Et peut-être bien que celui qui me restera, c’est ce figuier, planté à notre arrivée dans la maison, qui
a prospéré, et qui demeurera encore là quand nous n’y serons plus 

                                                                                                                         Evelyne Lecoz​

Si je fais remonter mes plus anciens souvenirs d’enfance, je me souviens d’un cerisier qui m’apportait
joie et espoir. Cet arbre était d’une splendeur, d’une grandeur subliminale. C’est bien simple, on ne
voyait que lui. A l’ombre de cet arbre, je trouvais l’inspiration. Je restais des heures devant lui. Son
tronc était comme un mélange de marron et de rouge : du marrouge.
Souvent, je jouais avec lui, je lui parlais même s’il ne me répondait pas. Pour moi, il répondait dans
mon esprit grâce à ses feuilles fleuries. Je le revois, je pleure. Non, pas autant, mais cela me fait un
pincement au cœur. Il ne grandit pas mais son ombre, elle si. Il reste solide sur ses appuis, de la terre,
jamais il ne s’enfuit. Il ne fait pas beaucoup de bruit mais produit beaucoup de fruits.

Adrien Lepetit

Lettre à mon pommier

Que te dire après cette si longue absence
Que je pense souvent à toi
Que tu me manques souvent
Que le bruissement de tes feuilles me revient quand j'entends les arbres de mon jardin chanter
Que j'imagine encore ton image imposante
Que je t'évoque souvent
Que je te peins constamment
Que j'aime peindre les arbres en pensant à toi
Que j'aime détailler les branches à la pointe de mon instrument
Que j'aime exercer mon pinceau dans le dessin précis de tes feuilles
Mais je crois que ce qui me plaît le plus, à chaque fois qu'une feuille et un bic sont à portée de main, c'est
de dessiner, encore et encore ton tronc, raturer ton écorce, amener de l'ombre et de la lumière pour
qu'enfin tu reprennes vie sous mon stylo.

Mon pommier

J'aime me souvenir de ce moment unique de l'année, au printemps, où nous retournions au jardin.
Un ou deux kilomètres à parcourir depuis la maison, pour le retrouver, les retrouver mes amis les arbres.
Remonter dans le centre du village, passer devant la mare, continuer tout droit devant les maisons
bourgeoises et enfin le chemin à droite après le bois des pères. Le muret à droite pas encore couvert de
mûres. A gauche, le jardin aux poires et celui de mon amie d'enfance Cécile et puis encore quelques
mètres et enfin je les retrouvais mes arbres. Devant l'entrée du jardin, un tas de tôle abrite les outils, orné
de chaque côté par mes cerisiers. Certains frêles, d'autres plus robustes, à peine en fleurs, magnifiques et
qui nous apporteraient dans quelques mois notre lot de joues barbouillées. Mais mon préféré, celui qui me
servait de refuge, de cachette, de balançoire, c'était le pommier. Après les deux bandes de terrain réservées
à la culture, au fond du jardin, il trônait là, juste après la bande de droite, imposant, majestueux. Son
feuillage reluisait, certaines branches étaient noircies par les années. Son écorce était rugueuse, il était
bien ancré dans la terre, avec des belles racines, comme celles qui me manquaient.
Je l'approchais, intimidée de le retrouver. Comme si après ces longs mois passés loin l'un de l'autre nous
avions besoin, lui et moi, d'un peu de temps pour que l'on se reconnaisse, que l'on se retrouve.
Je le regardais et j'avais l'impression qu'il m'observait, qu'il commentait mes changements physiques. « Tu
as grandi » semblait-il me dire. Je savais que nous allions passer l'été ensemble et cela me réjouissait.
Lors de ces retrouvailles, en ce début de printemps, son tronc et ceux des arbres alentours étaient envahis
par les herbes folles. Mon père prenait sa faux, nettoyait, dégageait, d'un geste sûr, le sol autour de son
pied. Cette partie de notre terrain de jeu servait aussi de lieu de rassemblement pour nos pique-niques
familiaux. Nous passions là nos dimanches dans cette nature sauvage. Les plus petits à courir dans tous
les sens après quelques papillons ou à observer une fourmilière ou bien encore à grimper dans les
ramifications de cet ancêtre. Les grands, eux, occupés à jardiner cueillir et entretenir le potager.
Plus grande, je me réfugiais souvent dans ces branches pour échapper à la cueillette des haricots ou des
petits pois. Ces petits pois pourtant que j'aimais tant, au point qu’une fois maman, j'arrivais à comparer les
petits pieds de mes nouveaux nés à ces petits pois alignés régulièrement dans leur cosse.
Fin août, début septembre le ramassage des nombreux fruits qu'il avait porté était un moment
exceptionnel. Toute la famille était mise à contribution.
Les cagettes s'empilaient, débordantes. A lui seul, il nous permettait de nourrir en pommes savoureuses
notre nombreuse famille tout l'hiver. Et même, certaines années, ma mère pouvait vendre une partie de la
récolte. Comment les cagettes réintégraient notre garage, mystère puisque mon père n'avait qu'une
mobylette...
Peut-être un de mes oncles aidait-il à la manœuvre, je ne sais plus...
Je retourne quelque fois dans ce sentier de mon enfance. Plus rien n'est comme avant. Un terrain nu
remplace les beaux poiriers du début de ce chemin. Juste à côté, le jardin des parents de mon amie n'est
plus que l'ombre de ce qu'il a été. Seule la cabane au milieu rappelle son emplacement. Le muret plein de
mûres dont nous nous régalions n'existe plus. Lorsque j'arrive à la hauteur de mon ancien jardin une forêt
vierge de cerisiers envahis de broussailles indique son ancienne situation sans qu'il soit possible
d'identifier les limites du terrain. Malgré cet envahissement, et bien que je ne le vois pas et ne sois pas

sûre qu'il existe encore, je sens sa présence magnifique. Et c’est comme si, une partie de mon enfance
m'était redonnée et cela me réchauffe le cœur.

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