Novembre 2023
Sommaire
ÎLE
Le matin, je me réveille, je touche les barres de mon lit qui craque. J’entends des crépitements mais tout va bien. Je descends de mon lit barreau après barreau. Je touche la poignée de porte afin de l’ouvrir convenablement. Je marche puis je touche l’interrupteur pour que la lumière jaillisse dans la pièce. Je prends mon bol, je bois son contenant.
Plus tard dans la journée, j’allume la télévision, je touche la télécommande afin de pianoter entre chaque chaîne. Ensuite, quand j’ai fini, je vais me balader dehors. Chouette !!! Il fait beau aujourd’hui. Je rentre, je vais sur mon ordinateur. Je regarde les nouvelles actualités, je regarde diverses vidéos pour me détendre. Le soir venu, je me permets de toucher le programme afin de voir ce qu’il y a à la télévision.
À la fin de mon programme, je vais dans ma chambre pour enfiler mon pyjama. Je prends un roman, un manga ou une bande dessinée avant de dormir. Quand j’ai fini ma lecture, je tire mon drap ainsi que ma couette. Et voilà !!! Je suis prêt à m’endormir. Je ferme les yeux. Bonne nuit, les amis !!!
Adrien
DYSTOPIE
Depuis l’explosion atomique de l’an 3000 qui a éteint le soleil et exterminé la plupart des humains, nous survivons sur une île perdue de ce qui était le Pacifique. Nous sommes une dizaine.
Au fil des années, nous avons perdu la vue, puisqu’il fait toujours nuit. Nous avons aussi perdu le goût, à force de manger tous les jours la même chair de ce crabe, seule espèce à avoir survécu avec nous.
Mes enfants n’ont plus que deux sens : le toucher et l’odorat : c’est ce qui leur sert à chasser les quelques crabes qui restent sur l’île.
Quant à moi, j’ai conservé encore un peu d’ouïe, c’est ce qui me permet de les entendre s’approcher en rampant, trainant sur le sable, leurs corps dont les jambes ne fonctionnent plus. Ils se rapprochent de moi et m’encerclent : il ne reste plus assez de crabes, et je suis le plus vieux de la colonie.
Evelyne
ECRITURE AUTOMATIQUE
Le soleil se couche dans la mer battue par les flots, l’écume se fracasse contre les rochers roses arpentés par des crabes unijambistes poursuivis des mouettes folles de leurs corps.
Le pêcheur rame dans sa barque tractant un filet plein d’écailles argentées ruisselantes. Un ours polaire dérive sur la banquise, un phoque, un arpon planté dans son flan sanglant doucement se vide et tache la blancheur de la neige.
Les flots m’emportent et me ballotent dans le soir du couchant et le sucre de ta bouche se mélange à l’écume salée de ma barbe.
L’oiseau pique et se noie en plongeant sous la surface des courants qui l’emportent au loin. Un feu brille au loin dans la nuit, possibilité d’une île qui serait un refuge dans l’immensité.
Evelyne
L’ouïe. L’ouïe ça me va bien. Le matin, ça commence à 7h30. Sept heures et demie.
Des voix d’hommes qui prennent tout l’espace. Ils ne sont pas chez eux, mais les autres ne leur importent guère. Je ne saurais dire ce qui suit en premier : les travaux ou la musique ?
La musique, je crois. Le Connemara, à sept heures quarante du matin, c’est encore plus désagréable qu’à n’importe quel autre moment de la journée. Heureusement, la perceuse arrive assez vite.
Puis, s’accumulent aux voix d’hommes, au Connemara et à la perceuse, les pas, juste en haut de moi. Les pas et la course effrénée du chat.
Ensuite arrive cette voix grave, la voix grave du tabac d’une vie entière presque. La voisine engueule le chat. En portugais. J’ai l’impression que ça s’hurle cette langue, quand ma voisine la manie.
Enfin, voilà la télé. Le tableau sonore est presque complet. Reste plus que le voisin du 3 e , qui, à partir de 10h jusqu’à l’aube, ajoute sa petite touche. Il hurle, lui aussi. En allemand ou en français. Il hurle devant son ordi. Et souvent, sur son ordi et aux toilettes.
Dès qu’il fait beau, c’est d’autant plus joyeux. Sa fenêtre ouverte, il alterne entre des « nein ! » et des « ploufs » (pour vous épargner le pire).
Beaucoup n’entendent pas. Je sonde les autres, puisque moi j’entends. Mais beaucoup n’entendent pas tout. Dans ma tête, c’est un brouhaha permanent, mais pour d’autres, c’est un brouhaha très lointain. Quel est donc ce don étrange que m’ont fabriqué mes parents ?
Beaucoup n’entendent pas tout, moi j’entends tout trop fort. Et j’attends le silence. Parce que j’aime le silence. Il parle plus tendrement que le brouhaha ambiant, le brouhaha des autres.
L’ouïe. L’ouïe ça me brouhaha.
ARG
C’est le genre de fille qui a vécu plusieurs vies. Elle naît dans l’Antiquité. A cette époque c’est le genre de fille qui aurait peut-être dû naître garçon pour rester en vie.
C’est le genre de fille qui n’a pas peur de monter sur les planches et de défier l’autorité paternelle et sociale.
C’est le genre de fille qui incarne à l’écran toutes ces Femmes qui ont traversé notre Histoire et qui aujourd’hui nous offrent la chance d’être ce genre de fille libre qui écrit ces quelques lignes.
C’est le genre de fille qui a touché le fond de la piscine avec son p’tit pull marine …
LB
Portrait de femme :
Je suis le genre de fille, de femme qui a été belle,
Je suis le genre de femme casquée qui a joué de sa beauté, dès le départ avec des géants,
Je suis le genre de femme qui a été consacrée, adulée,
Je suis le genre de femme qui n’allait pas sans l’autre consacré, adulé,
Je suis le genre de femme qui ne mâchait pas mes mots pour défendre mes convictions politiques
Je suis le genre de femme qui n’a pas supporté la déchéance plurielle et pourtant cette déchéance m’a permis de briller,
Je suis le genre de femme que l’écriture a libérée, protégée de ce monde toujours avide d’en savoir plus sur ma vie privée,
Je suis le genre de femme, peut-être morte trop tôt pour les miens, qui portait un prénom démodé cependant partagé avec plusieurs de mes congénères célèbres et féministes et un nom de famille qui ressemble à « Monsieur » en italien.
Marie Jeanne
C'est le genre de femme « biface », dans son élément à la ville comme à la campagne. Naturelle, en tenue décontractée dans son quotidien proche de la nature, élégante et raffinée dans ses sorties citadines.
C'est le genre de femme qu'on ne remarque pas forcément d'emblée, discrète sans être insignifiante ; très présente pour ses proches.
C'est le genre de femme qui sait se rendre disponible aux autres : mari, enfants, cousins, cousines, amis ... Quitte à s'oublier un peu elle-même.
C'est le genre de femme qui donne sans compter, sans attendre en retour. Elle aime sans jamais le dire : les sentiments doivent juste être perçus, ressentis par ses actes et sa présence.
C'est le genre de femme qui n'exprime pas ses sentiments, « je t'aime » ne fait pas partie de son vocabulaire ; on ne lui a pas appris. Et pourtant elle aime... FORT.
C'est le genre de femme qui vous apaise et vous renvoie à l'enfance, l'insouciance...
Une femme qui laisse une trace modeste, SA trace, avec pudeur.
C'est le genre de femme qu'on n'oublie pas, c'était ce genre de femme...
Valérie
Tyranie des objets
Un jour, je me préparais pour écrire un texte donc je pris mon stylo et une feuille. Le capuchon de mon stylo est tombé, j’ai posé mon stylo sur ma feuille afin de récupérer le capuchon. En me baissant, j’entends un bruit sourd, je me dis que c’est sûrement mon oreille qui siffle. Soudain, en relevant ma tête, je ne vois plus mon stylo là où je l’avais posé. Je regarde partout et je le vois. Traînant dans le couloir. Comment s’est-il trouvé là ? Mystère !!! Je cours pour aller le chercher, je le prends dans mes mains. Pendant environ 20 secondes, il est chaud, il est brûlant. Mais je le garde en main. J’ai l’impression qu’il y a un sourire machiavélique sur ce stylo. Mais je l’ai eu. La bataille contre le stylo est remportée. En revenant vers mon bureau, je suis tout content, même si c’est anodin de récupérer un stylo. Et là, je tourne la tête, surprise, plus de feuille. Je ne la trouve plus, je cherche partout. Elle est au rebord de la fenêtre. Je la récupère. Le temps de récupérer ma feuille, je mets du scotch sur le stylo pour qu’il ne s’échappe pas. Je commence à écrire un mot, puis deux mots, puis trois mots. Tout d’un coup, plus d’encre, stylo foutu. Tant pis, j'écrirai plus tard. La feuille se range toute seule et le stylo, pareil. Quelle n'est pas ma surprise !!! Donc je vais dans ma chambre lire un roman tranquillement.
Adrien
LE LIVRE QUI NE VOULAIT PAS DE MOI
Au début, je l’ai vu à la télé dans une émission littéraire. Il était présenté par son auteur que je connais et apprécie. L’intrigue m’a plu, la couverture même était attirante. Je l’ai mis sur la ma liste de cadeaux de Noël.
En fait, ce livre qui me tentait ne voulait pas de moi. Je m’explique : tout d’abord, sous le sapin, un joli paquet m’attendait : toute contente, je l’ai déballé et surprise ! C’était un autre titre que celui que je voulais.
Bon, pas grave, je suis allée l’acheter à la librairie. « Désolée, Madame, nous sommes en rupture de stock, ce titre a eu beaucoup de succès pour Noël. Mais on peut vous le commander. »
Deux semaines plus tard, j’appelle la librairie « Vous n‘avez toujours pas reçu mon livre ? » « Mais si je vous ai envoyé un sms la semaine dernière ! » « Je ne l’ai jamais reçu. Ce n’est pas grave, je passerai demain. »
Le lendemain, ma réunion s’est terminée tard, la librairie était fermée. Puis je suis partie deux jours en stage. Quand enfin, je suis arrivée à la librairie, celle-ci était fermée pour inventaire. Une semaine plus tard, j’avais enfin en main l’ouvrage. Je suis rentrée au bureau, où je l’ai oublié le soir en partant. Le lendemain, je suis rentrée en prévoyant une soirée tranquille plaid et lecture sur le canapé. Encore loupé ! Visite surprise d’une copine qui s’est invitée à dîner.
Le soir en me couchant, j’ai essayé de commencer ma lecture, mais je me suis endormie au bout de deux pages.
En me levant le lendemain matin, je n’ai pas vu le livre posé par terre, j’ai trébuché dessus et je me suis cognée très fort dans le mur en face. Pour que cela ne se reproduise plus, j’ai pris soin de ranger l’ouvrage sur une étagère.
En rentrant le soir, ce maudit bouquin m’est tombé sur la tête alors que je venais le chercher pour le commencer tranquille dans mon bain.
Un peu sonnée quand même, je me suis allongée dans l’eau chaude, et quand j’ai ouvert le livre, il m’a littéralement sauté des mains pour plonger dans la mousse.
Quand je l’ai ressorti tout dégoulinant et gonflé d’eau, j’ai trouvé qu’il me regardait d’un air narquois comme s’il me disait « Tu ne m’auras pas ! »
Je n’ai pas lutté et je l’ai collé direct dans la poubelle de la salle de bains.
Bien fait pour lui !
Evelyne
Vocation malchance
Les personnes qui ne me connaissent pas croient toujours que j’exagère ma malchance. Au
contraire, il semblerait bien que je la diminue.
Mes proches en rient beaucoup.
Par où commencer ? Je crois que j’ai d’abord une malchance électronique.
La dernière fois que j’ai annoncé sur Facebook que j’avais encore des soucis de téléphone, une amie a répondu : « Encore est un euphémisme, crois-moi. Aucun mot au monde n’existe pour ça je crois. ».
La fois d’avant, c’était une personne de ma famille qui répondait « franchement, vue ta
compétence en matière de perte/destruction de téléphone, achète le plus simple ! » Pourtant, je n’ai jamais perdu ni détruit de téléphone. ça prouve bien que le problème ne vient pas de moi.
J’ai aussi une malchance avec les appartements qui m’accueillent.
Le premier, c’était mon voisin qui me harcelait de toc-toc afin de m’emprunter tout et n’importe quoi. Si bien qu’à la fin je n’osai même plus ouvrir mon robinet, surtout qu’il ne fasse pas « ploc-ploc », par peur d’entendre ces « toc-toc » assourdissants.
Vous me direz que jusque là, ça peut arriver. Alors passons au deuxième.
Celui-là, le plafond de salle de bain s’est tout bonnement effondré. Mes voisin·es s’étaient cette fois battus à côté des toilettes qui s’étaient brisés en deux. Mon agence et mon propriétaire ont fait l’autruche. Et iels savent bien faire l’autruche : ça a duré 8 mois. Puis, iels ont sorti la tête du sol un court instant, juste le temps de m’envoyer l’huissier pour gentiment me demander de dégager.
Dans l’avant dernier, mon voisin me réveillait en hurlant (comprenez, les jeux vidéos c’est
prenant), ou bien en frappant dans les murs. Sachez-le, si, en revenant de soirée il vous prend l’envie de cuire des pâtes mais que votre taux d’alcoolémie complique la tâche et vous fait vous brûler, s’éclater contre les murs atténue la douleur.
Enfin, il y a peu, j’ai à nouveau déménagé ! Détrompez-vous, le sourire que vous voyez sur mes lèvres lorsque je prononce cette phrase ne veut pas dire que j’ai enfin trouvé la pépite. Bien au contraire, c’est plutôt les nerfs.
Si vous souhaitez louer/acheter un appartement, appelez-moi, je pourrais vous aider. Si l’un d’eux me plait, surtout, ne le prenez pas !
ARG
Longtemps, longtemps, longtemps,
Aucun objet ne m’a causé tourment.
Maintenant, il en va bien autrement.
Depuis que mon corps est tremblant,
À chaque instant,
Tout objet peu se faire manquant.
La commande de la télévision, disparue.
L’interrupteur de la chambre, disparu.
Le foulard que j’aime tant, disparu.
Les clés de la maison, disparues.
Si j’avais su pendant tout ce temps
Qu’un jour en me promenant,
Même le chemin de la maison aurait disparu,
Je ne l’aurais pas cru !
Romane