Janvier 2025
Sommaire
Les expressions
DICTON
Mais qu’est ce qui m’a pris d’accepter cette intervention en direct dans cette émission débile à la télé ? Mais qu’est-ce que je fais là ? Ça y est, je transpire, il fait une chaleur à crever sur ce plateau. Ah ! Ça va commencer, on me remet une petite fiche avec le sujet que je dois développer.
VOLE UN ŒUF, VIOLE UN BŒUF
Qu’est-ce que c’est que ce sujet à la con ? Qu’est-ce que je dis ? Bon, j’improvise…
« Alors c’est un très bon sujet, je vous remercie de me le proposer » (gagne du temps, gagne du temps…)
« Vole un œuf ? A la vieille question : qui de l’œuf ou de la poule bla bla bla… On peut déjà répondre que pour qu’un œuf vole, il ne le peut qu’en étant dans le ventre de la poule. Oui, mais qui a déjà vu une poule voler ?
Bon sang, je rame, ils ont l’air perplexes. Allez, j’enchaine sur le bœuf.
« En ce qui concerne le viol d’un bœuf, je ne pourrais que condamner sévèrement toute maltraitance animale. »
Ah ! On me dit dans l’oreillette qu’il ne s’agit pas du viol d’un bœuf, mais du vol d’un bœuf (l’assistante écrit très mal). Je ne comprends pas plus la question, car à moins d’avoir quatre grammes d’alcool dans le sang, je n’ai jamais vu non plus un bœuf voler. Bon, j’en ai assez, je me tire :
« Donc je ne saurai pas vous expliquer pourquoi on me pose cette question stupide de savoir qui fait voler un œuf ou un bœuf et comment : je suis agrégé de philosophie, pas ingénieur aéronautique ! »
Ah ! On me dit dans l’oreillette que le sujet concernait l’expression QUI VOLE UN ŒUF VOLE UN BŒUF, mais que l’assistante a oublié de noter le premier mot (il faut la virer vite fait, elle n’a décidément pas inventé l’eau chaude)
« Alors effectivement, je maîtrise beaucoup mieux ce sujet que je vais vous développer en 75 points et 3 heures »
Evelyne Lecoz
Assurément, rougeurs et lésions cutanées sont synonymes du grand amour. Plus la peau est écarlate, plus l'amour est intense. Le rouge n'est-il d'ailleurs pas la couleur de l'amour ?
Une brûlure au second degré mettant les chairs à nu témoignera d'un amour absolu . Cependant, face à de réelles souffrances physiques nait inévitablement la question :
Comment atténuer l'impact négatif de l'amour sur la santé ?
Sur ce sujet, la majorité des scientifiques s'accordent à penser que la migration des personnes amoureuses vers l'Arctique serait la solution adéquate. Ainsi les températures basses permettraient un meilleur confort face aux agressions thermiques de l'amour.
Cela dit, il est fort probable que cet afflux massif d'êtres humains vers les zones polaires contribue à une accélération de la fonte de la banquise d'où une augmentation du niveau des océans et une réduction de la superficie des continents. On peut alors mieux mesurer l'impact écologique du sentiment amoureux et en déduire que « brûler d'amour » peut à terme mettre en péril la planète et l'humanité toute entière.
Valérie Thévenot
DONNE MOI TA MAIN, ET PRENDS LA MIENNE
J’aime Mimine, et je veux me marier avec elle. Elle a de grands yeux bleus et des lèvres carmin. De-main, j’irai demander sa main à son père. Enfin la main de ma fiancée, pas celle de son père, qui de toute façon ne me convient pas, celle-ci étant beaucoup trop poilue…
S’il refuse, je ferais des pieds et des mains pour le faire changer d’avis, mais je mettrais ma main à couper qu’il va accepter. Il trouve que sa fille à deux mains gauches et qu’elle est trop maladroite, alors il se frotte les mains de me la refiler. Pourtant c’est elle qui fait la cuisine pour toute la famille, mais cet ingrat n’hésitera pas à mordre la main qui le nourrit. Tant pis pour lui, quand il n’aura plus personne pour lui faire à manger et qu’il viendra se plaindre, je lui dirai : « Si tu as faim, mange ta main, et garde l’autre pour demain ! ». Et s’il n’a plus rien, il pourra toujours jouer aux cartes, il touchera peut-être une bonne main.
J’aime ma fiancée parce qu’elle a la main verte. Ça choque un peu quand on la voit la première fois, mais c’est un joli vert, presque fluorescent.
Elle a aussi de l’or dans les mains, et ça c’est vraiment pratique pour aller faire les courses, je n’ai jamais besoin de mettre la main à la poche.
La première fois qu’elle m’a vu, elle m’a fait un petit signe de la main, et j’ai tout de suite imaginé faire des choses avec elle du genre Jeux de mains, Jeux de vilains. Mais elle préfère rester sage jusqu’au mariage, elle accepte juste qu’on se tienne par la main.
De-main, il fera jour et j’irai la retrouver. Je suis juste un peu inquiet car elle a le cœur sur la main et je devrai faire très attention à ne pas l’écraser quand nous partirons main dans la main.
Evelyne Lecoz
Comment il conduit lui ? Danger public va ! Je sens que je vais péter les plombs c'est sûr !
Quoi il insiste ? Je vais péter une durite si ça continue, c'est à moi de passer !
Mais il me regarde de haut dans sa belle voiture « Arrête de te la péter! » j'lui lance .
Et là je le vois pété de rire, l'a un pet' au casque ou quoi ?
Allez j'y vais, je passe sinon je vais péter un câble ; ce n'est pas parce qu'il veut péter plus
haut que son cul dans son Audi machin truc qu'il a tous les droits.
Mais non ! Ce n'est pas vrai , il me barre le passage, me pète les couilles !
Et puis tout à coup le voilà qui démarre en trombe sous mon nez aussi rapide qu'un pet sur
une toile cirée, accélère comme un fou et encastre lamentablement son bolide dans le mur
d'en face !
Paix à son âme !
Valérie Thévenot
Ma tantine habite près de chez moi, enfin juste derrière chez moi qui n'est pas vraiment
chez moi d'ailleurs car je suis nomade le plus souvent. Tout le temps sur les routes du
monde entier, à la recherche du temps qui passe sans se soucier du temps perdu.
Tant qu'à faire, autant se remplir les mirettes d'images multicolores plutôt que de passer
son temps derrière les rideaux de sa maisonnette à lorgner à travers les carreaux le modeste
jardinet fleuri qui l'agrémente.
Pour autant, il m'arrive de temps en temps d'observer cette petite parcelle depuis la fenêtre
de ma chambre aux rideaux écossais. Par temps ensoleillé, j'y contemple les jacinthes sur
lesquelles viennent butiner de temps à autre des abeilles égarées. Bulbes précieux mis en
terre au mois de mars dernier , confiés en temps et en heure par ma tendre tantine qui
habite près de chez moi qui n'est pas tant chez moi d'ailleurs...
Valérie Thévenot
Tout seul abandonné dans l'herbe mouillée, que fait-il là ? Ce petit bonheur triste et gelé.
Il a dû être abandonné de bonne heure ce petit bonheur triste et gelé.
Quel malheur est donc arrivé à ce petit bonheur triste et gelé ? Il ne faut pas avoir de cœur pour négliger un petit bonheur triste et gelé.
Je me suis penché vers lui sans oser le toucher. Il tremblait de froid ce petit bonheur triste et gelé. Doucement j'ai approché ma main, il était si faible qu'il n'a pas pu reculer. Je sentais la peur de ce petit bonheur triste et gelé. J'ai pris mon courage à deux mains. Je l'ai enfoui dans la poche fraiche de mon grand manteau, il aura toujours plus chaud ce petit bonheur triste et gelé, nerveusement, j'ai remis la main dans la poche de mon grand manteau me rappelant qu'elle était percée. Il était toujours là ce petit bonheur triste et gelé. Il semblait avoir moins froid, mais j'ai senti couler ses larmes sur ma main. Toujours déprimé ce petit bonheur triste et réchauffé.
Arrivé dans ma demeure, j'ai posé le petit bonheur triste et réchauffé au creux de mon vieux fauteuil. Le lendemain, Je l'ai retrouvé, il n'avait pas bougé, toujours blotti où je l'avais laissé. Mais quelque chose avait changé, de mon petit bonheur la joie avait chassé la tristesse. Alors, je l'ai gardé mon petit bonheur joyeux et réchauffé.
Philippe
Bruits
Difficile d’écrire la vie ici, dans cet immense chaos.
Tout est détruit.
Difficile d’écrire la vie ici, dans ce foutu désordre.
Tout est défait.
Difficile d’écrire la vie ici, sans toit et sans toi.
Tout est effondré.
Difficile d’écrire la vie ici, dans ce paysage en ruine.
Tout est déconstruit.
Difficile d’écrire la vie ici, protégée de rien, exposée aux vents et à la froideur de l’hiver.
Tout est brisé.
Difficile d’écrire la vie ici, alors que les murs sont tombés et les souvenirs heureux se sont en-allés.
Tout est à reconstruire.
Allez, il est temps d’écrire une nouvelle histoire.
Laetitia P
Braves gens, la fin du monde est proche. Vous entendez ces bruits assourdissants ? c’est quoi ?
Le jour baisse. Sourd, je deviens.
Courez, activez-vous cachez-vous !
On ne s’entend plus.
Vite vite
Les racines sortent de terre.
Les lianes nous étranglent.
L’air est étouffant.
Odeur de terre pourrie.
Le brouillard est tombé.
Que se passe -t-il ?
Embourbé, je suis.
L’air me manque.
De la lumière au loin, bien loin.
Mais toujours ce bruitage de tuyau. Je ne reconnais rien. J’ai peur.
Comme de la fumée.
C’est la naissance d’un monde nouveau, la naissance d’un monde meilleur ?...
Dominique
MAIS ENCORE
Je pense que l’organisation n’est pas seulement un mode de vie, mais encore plus une façon de vivre sa vie. Je m’explique : si je n’étais pas aussi organisé, je perdrais du temps tous les matins pour savoir non seulement comment m’habiller, mais aussi et encore que manger, que regarder à la télé, mais encore que faire de mes loisirs. Les choix sont infinis et sans fin, mais encore plus : ils sont chronophages.
J’ai donc décidé une fois pour toutes d’organiser ma vie sous tous ses aspects une fois, mais encore mieux de m’y tenir.
Donc, j’ai établi un planning pour le ménage : le lundi aspirateur, le mardi poussières, le mercredi entretien du linge, le jeudi repassage, mais encore liste des courses, le vendredi courses.
En ce qui concerne ma liste de courses, je suis assez content de moi : j’ai imprimé une liste avec tous les produits dont je peux avoir besoin, et toutes les semaines je fais une croix devant ceux que je dois acheter le lendemain, mais encore sans oublier de rayer ceux que je n’achèterai pas. Il va sans dire que ma liste est faite dans l’ordre des rayons du magasin ; je gagne un temps fou, mais encore plus : je dégage mon cerveau de tout parasitage.
Mais j’ai encore appliqué le processus à mes vêtements : je fais un roulement sur la semaine. Par exemple, aujourd’hui vendredi, j’ai mis mon pantalon noir et ma chemise grise, comme tous les vendredis. Demain samedi, un jean et un polo et dimanche un jogging. Mais encore mieux : j’ai un planning vestimentaire aussi pour les vacances à base de bermudas et de tee-shirts, parce que je sais aussi me détendre. Il ne faudrait pas croire que je suis psychorigide quand même.
Le seul domaine auquel je ne peux pas appliquer ma méthode est celui des relations humaines. Les gens sont non seulement compliqués mais encore plus totalement imprévisibles. J’ai donc résolu le problème en m’abstenant totalement de sociabiliser avec des inconnus.
N’allez pas croire pour autant que je sois solitaire, j’échange beaucoup, tous les mardis soirs de 20h15 à 21h30, avec un groupe d’internautes intéressés comme moi sur un forum consacré aux différentes méthodes d’organisation. Nous avons des débats constructifs mais encore plus passionnés sur le sujet.
Evelyne Lecoz
Nuit de la lecture
Retour de pêche
Fin de criée
Sur le port, personne
Si, un homme passe
C’est l’Guss
Il a attendu longtemps ce matin-là !
Sauvageon,
Il a attendu le départ de tous, marins, chalands, badauds,
Il a attendu pour ne pas être bousculé ou pris à parti par un gros bras du coin
Un fort
Fort en gueule, surtout, mais parfois violent
Le quai est nettoyé
Un éclat de lumière attire Guss
Un bijou ?
Un poisson !
Un poisson oublié, quelle aubaine !
Vite saisi
Vite en poche où il tient juste
En chemin, Guss le maintient d’une main et lui parle
Des mots reconnaissants.
Il va se faire un festin
Un festin à préparer sans tarder
Sur la table de bois, le poisson est couché, éventré
Guss glisse une main dans cette béance
Ça saigne
C’est froid
C’est mou,
C’est gluant
Les viscères se dérobent, s’étalent, giclent
Une riche odeur marine le met en extase
« Voilà pour le bouillon du soir »
Et pour ce midi, Guss prépare le feu avec quelques éclats de cagette bien secs
Puis il passe voir son compère, Gaston, encore endormi sur sa paillasse.
Aussitôt dit
Aussitôt fait
Le feu crépite, les braises réchauffent une gamelle de fortune où est saisie la chair tendre du poisson.
Partage.
Mireille
ROBERT
Est-ce qu’un prénom peut influencer toute une vie, toute une personnalité ? Moi, mes parents m’ont appelé Robert. Au départ, ils avaient choisi Kevin, mais mon grand-père paternel ayant eu la riche idée de trépasser 15 jours avant ma naissance, en hommage posthume, j’ai eu droit à ce prénom, qui hélas, n’a jamais été à la mode.
J’ai trainé ce fardeau toute ma scolarité, le pire ayant été le collège. Pour me faire oublier et fuir les harcèlements, je suis devenu tout gris, rabougri, visant l’invisibilité. Pour le coup, j’ai bien réussi : je suis devenu si terne que personne ne me remarque jamais.
La semaine dernière, mon frère m’a secoué : « Enfin Robert, remues toi. Tu ressembles à une endive anémiée. Il faut que tu sortes, que tu rencontres du monde, que tu t’amuses enfin ! »
C’est facile pour lui, les parents l’ont appelé Alexis. Tout lui réussit. Il a confiance en lui. Il est marié et a un fils, et même un boulot sympa, alors que je suis comptable dans une administration poussiéreuse.
Il reprend : « Samedi, je te prête Barnabé, ton neveu, vous irez au parc. Tu verras, il y a plein de mamans sympas au bac à sable. Et mon fils, avec sa bonne bouille, c’est un aimant à filles ! ». Il interpelle ma belle-sœur : « Hé Bénédicte, Robert va conduire Barnabé au parc samedi. Il veut passer du temps avec son neveu. »
« Tu es sûr ? Avec la tête qu’il a, on verra bien que ce n’est pas son fils. Elle ricane. J’aime bien ma belle-sœur, mais parfois, elle est un peu grinçante.
Le samedi, pour faire plaisir à mon frère, je passe prendre mon neveu, vêtu comme d’habitude de mon grand imperméable passe-partout.
En ouvrant la porte, Bénédicte me regarde consternée : « Ah non, Robert, le grand imper, ça ne va pas être possible ! Tiens je te prête un blouson d’Alexis. En plus ça te donne un air cool ».
Je ne vois pas le problème avec mon imper, mais bon, je ne vais pas la contrarier, et c’est vrai que ce blouson me change. Je me sens d’un coup presque beau. Muni d’une multitude de recommandations, je mets Barnabé dans sa poussette et nous partons sous le regard inquiet de sa mère.
Pendant que nous patientons au passage clouté, une vieille dame se penche sur la poussette et fait des gouzi-gouzi à Barnabé, qui, effrayé par sa vielle tête d’oiseau déplumé, se met aussitôt à hurler. Elle se retourne vers moi, me jauge, et me demande d’un ton accusateur si ce petit est à moi. Bêtement je lui dis : « Non, je viens de l’enlever pour le livrer à une secte sataniste cannibale ». Elle devient blême et sans comprendre ma plaisanterie, se précipite vers un duo de policiers qui patrouille à proximité. Le feu passe au vert, et nous fuyons lâchement Barnabé et moi vers le parc.
Nous croisons une joggeuse qui s’arrête et regarde Barnabé avec admiration : « Qu’il est beau ce bébé ! » Elle me regarde en face, et ajoute : « Il n’est pas de vous, n’est-ce pas ? » Sans lui faire remarquer ce que sa répartie peut avoir de vexant pour moi, je lui confirme que non, sans plus m’étendre sur le sujet. Et nous repartons.
Arrivé près du bac à sable, j’ai l’impression de pénétrer dans une arène romaine : tous les yeux des personnes assises sur les bancs, se portent sur moi. Ils me jugent, je suis sûr qu’ils me jugent… Je tente un pauvre sourire et un léger bonjour. Seule une dame me répond d’un sec signe de la tête.
J’installe Barnabé sur le sable avec tout son attirail : seau, pelle, râteau, et il commence gaiement à projeter du sable tout autour de lui.
Une dame tout de bleu marine vêtue, avec un foulard et un serre-tête se précipite vers ses enfants, tous vêtus de bleu marine également, et leur crie : « Archibald, Cunégonde, éloignez-vous, cet enfant mal élevé va vous salir ! » Les deux petits clones s’écartent de mon Barnabé, qui s’en fiche, pas perturbé pour autant.
Un homme barbu, avec des lunettes noires, se rapproche et s’assied à côté de moi sur le banc. (tiens, il a le même imperméable que le mien ! Mais il doit le porter sur un short parce qu’on voit ses mollets poilus. C’est vrai que cela lui donne un air un peu bizarre). Il se lèche les lèvres qu’il a très rouges et me demande en désignant Barnabé : « Il est à vous ? » Content que quelqu’un m’adresse la parole, je commence à lui expliquer que c’est mon neveu, quand une jeune fille avec un grand sweat et un jean troué se précipite vers nous et interpelle violement mon voisin : « Dégage vieux dégoutant, je t’ai repéré, file ou je t’éclate la tronche ! «
Je tente de lui expliquer que nous discutions tranquillement, mais elle se retourne vers moi et me crie :
« Vous êtes de la même espèce de salauds comme lui, des types à imperméable qui viennent mater les gamins ? ». Je remercie mentalement ma belle-sœur pour sa prévoyance, même si je ne comprends pas bien ce qu’elles ont toutes contre les imperméables… Mais bon, je n’ai jamais rien compris à la mode de toute façon… Je réponds : »Mais enfin, pas du tout mademoiselle, je suis avec mon neveu, le petit blond, là, juste devant. Barnabé nous fait son grand sourire édenté. Ce qui la calme. Heureusement, parce que tout le monde nous regarde à présent. Elle s’assied à côté de moi. Je la trouve drôlement jolie bien qu’un peu exaltée.
« Je suis baby-sitter pour une famille du quartier ; Je m’occupe du petit brun avec la mèche là-bas ».
Je la regarde, et plus je la regarde, plus je la trouve jolie avec ses cheveux en bataille et ses yeux brillants. Pour me donner une contenance, je fais un petit coucou à Barnabé qui me répond volontiers. Elle me dit : « Il est mignon, il vous ressemble un peu. » Je rougis et bredouille n’importe quoi. Je cherche désespérément quelque chose d’intelligent ou d’amusant à lui dire pour qu’elle reste un peu avec moi. Quand tout à coup elle se redresse brutalement et hurle au petit brun : « Adolf, arrête de taper avec ton râteau sur les autres enfants ! ». Elle se rassied comme si de rien n’était, et me dit :
« Mais qu’elle idée d’appeler son mioche Adolf, ça ne va pas l’aider dans la vie pour sûr. Il y a des parents tarés quand même ! » A propos, je m’appelle Ariane, et vous ?
« Bob, je m’appelle Bob ! ».
Evelyne Lecoz